1.2. Principaux traits de son esprit

Depuis sa fondation, le 2 octobre 1928, l’Opus Dei diffuse le message de l’appel universel à la sainteté de tous les baptisés, dans l’accomplissement de leur travail et de leurs obligations personnelles.

« L’esprit de l’Opus Dei a pour caractéristique essentielle de ne retirer personne de sa place. Il pousse chacun, au contraire, à accomplir les tâches et les devoirs de son état, de sa mission dans l’Église et dans la société civile, le plus parfaitement possible[i] » L’Opus Dei, par son esprit essentiellement séculier, sert l’Église et la société en suscitant la sainteté et l’engagement apostolique personnel des fidèles chrétiens, en les aidant à découvrir et à assumer les exigences de leur vocation baptismale à la place que chacun occupe dans le monde.

Citons, parmi les traits de l’esprit de l’Opus Dei :

La filiation divine. De par son baptême, le chrétien est enfant de Dieu. L’esprit de l’Opus Dei repose essentiellement sur cette vérité fondamentale du christianisme, comme l’enseigne son fondateur : « La filiation divine est le fondement de l’esprit de l’Opus Dei[ii] .»C’est pourquoi la formation qui est donnée dans la prélature développe chez les fidèles chrétiens un sens authentique de leur condition d’enfants de Dieu, et les aide à se comporter en conséquence. Elle favorise la confiance dans la providence divine, la simplicité dans la relation avec Dieu, le sens profond de la dignité de tout être humain et de la fraternité entre les hommes, un réel amour chrétien du monde et des réalités créées par Dieu, la sérénité et l’optimisme.

La vie ordinaire. Le chrétien ordinaire peut rechercher la sainteté à travers les circonstances de sa vie et ses activités. Selon les propres termes du fondateur de l’Opus Dei : « La vie ordinaire peut être sainte et remplie de Dieu » ; « le Seigneur nous appelle à sanctifier nos tâches habituelles, parce que là aussi réside la perfection chrétienne[iii]. » C’est pourquoi toutes les vertus sont importantes pour le chrétien : la foi, l’espérance et la charité, tout comme les vertus humaines, telles que la générosité, l’esprit de travail, la justice, la loyauté, la joie, la sincérité, etc. C’est aussi en pratiquant ces vertus que le chrétien imite Jésus-Christ.

La valeur sanctificatrice de la vie ordinaire a une autre conséquence : la transcendance des petites choses qui remplissent l’existence d’un chrétien courant. « La « grande » sainteté est dans l’accomplissement des « petits devoirs » de chaque instant »[iv], disait le fondateur de l’Opus Dei. Où trouver ces petites choses? Dans des gestes de service et de bonne éducation, dans le respect des autres, l’ordre matériel, la ponctualité, etc. Tous ces détails, vécus par amour de Dieu, ne sont pas dépourvus de transcendance dans la vie chrétienne.

Pour la plupart des gens, le mariage et la famille figurent parmi les réalités ordinaires sur lesquelles un chrétien courant doit fonder sa sanctification, et auxquelles, par conséquent, il doit donner une dimension chrétienne. « Le mariage n’est pas une simple institution sociale, et encore moins un remède aux faiblesses humaines : c’est une authentique vocation surnaturelle[v]

Sanctifier le travail, se sanctifier dans le travail, sanctifier par le travail. La sanctification du travail ordinaire est comme l’axe de toute la vie spirituelle du chrétien courant. Sanctifier le travail, c’est le réaliser avec la plus grande perfection humaine possible (avec professionnalisme) et avec perfection chrétienne (par amour de la volonté de Dieu, au service des hommes).

L’esprit de l’Opus Dei est de considérer que le travail, l’activité professionnelle que chacun réalise dans le monde, peut être sanctifié et devenir un chemin de sanctification : « Pour avoir été assumé par le Christ, le travail nous apparaît comme une réalité qui a été rachetée à son tour. Ce n’est pas seulement le cadre de la vie de l’homme, mais un moyen et un chemin de sainteté, une réalité qui sanctifie et que l’on peut sanctifier[vi].» Tout travail humain honnête, qu’il soit important ou humble aux yeux des hommes, donne l’occasion de rendre gloire à Dieu et de servir les autres.

« Nous sommes des hommes de la rue, des chrétiens courants, plongés dans le courant circulatoire de la société, et le Seigneur nous veut saints, apostoliques, précisément au milieu de notre travail professionnel, c’est-à-dire en nous sanctifiant dans cette tâche, en la sanctifiant et en aidant les autres à se sanctifier dans cette même tâche[vii]

L’amour de la liberté. Les fidèles de l’Opus Dei sont des citoyens qui jouissent des mêmes droits que leurs semblables et qui sont soumis aux mêmes obligations. Dans leurs activités politiques, économiques, culturelles, etc., ils agissent en toute liberté et responsabilité personnelles, sans prétendre engager l’Église ou l’Opus Dei par leurs décisions et sans présenter celles-ci comme les seules qui seraient cohérentes avec la foi. Ce qui implique de respecter la liberté et les opinions d’autrui.

Vie de prière et de sacrifice. L’esprit de l’Opus Dei invite à cultiver la prière et la pénitence, qui permettent de soutenir l’effort pour sanctifier les occupations ordinaires. C’est pourquoi, les fidèles de la prélature intègrent à leur vie des pratiques régulières de piété : oraison mentale, assistance quotidienne à la sainte messe, confession sacramentelle, lecture et méditation de l’Évangile, etc. La dévotion à la Sainte Vierge occupe une place de choix. Pour imiter Jésus-Christ, ils font également des sacrifices, en particulier dans tout ce qui favorise l’accomplissement fidèle du devoir et qui rend la vie plus agréable aux autres comme, par exemple, le renoncement à de petites satisfactions, le jeûne, l’aumône, etc.

Charité et apostolat. Les membres de l’Opus Dei s’appliquent à rendre témoignage de leur foi chrétienne. Selon les propres termes du fondateur, « unissant nos efforts, coude à coude avec nos compagnons, dont nous partageons les aspirations, nos amis, nos parents, nous pourrons au moyen de cette tâche les aider à arriver au Christ »[viii]. Ils doivent l’accomplir tout d’abord par leur exemple personnel, et aussi au moyen de la parole. Le désir de faire connaître le Christ ne saurait être dissocié du souci de contribuer à résoudre les besoins matériels et les problèmes sociaux de l’environnement.

Unité de vie. Amitié avec Dieu, occupations temporelles et désir d’évangélisation s’intègrent de façon harmonieuse dans « une unité de vie simple et solide »[ix]. C’est ainsi que le bienheureux Josémaria Escriva résumait sa profonde compréhension de l’existence chrétienne.

« L’unité de vie, enseignait-il, est une condition essentielle pour ceux qui s’efforcent de se sanctifier au milieu des circonstances ordinaires de leur travail, de leurs relations familiales et sociales[x].» Le chrétien qui travaille au milieu du monde ne doit pas « mener une espèce de double vie : d’un côté la vie intérieure, la vie de relation avec Dieu ; de l’autre, une vie distincte et à part, la vie familiale, professionnelle et sociale »[xi]. Au contraire, « il n’y a qu’une seule vie, faite de chair et d’esprit, et c’est cette vie-là qui doit être corps et âme sainte et pleine de Dieu»[xii].

[i] Entretiens avec Monseigneur Escriva, n. 16.

[ii] Quand le Christ passe, n° 64.

[iii] Ibid.,n° 148.

[iv] Chemin, n° 817.

[v] Quand le Christ passe, n. 23.

[vi] Ibid., n. 47.

[vii] Amis de Dieu, n. 120.

[viii] Ibid, n. 264.

[ix] Quand le Christ passe, n. 10.

[x]Amis de Dieu, n. 165.

[xi] Entretiens avec Monseigneur Escriva, n. 114.

[xii] Ibid.