De Karakoch à Grenoble…

… C’est le long chemin parcouru, avec leur famille, par Kristian, Swarin, Sidra, Sarah et Soleen, cinq jeunes irakiens âgés de 6 à 16 ans, ayant quitté leur maison sans rien pouvoir emporter le jour où Daech est entré à Karakoch. Rencontre.

photo : Frédéric Joli - Paper blog

Réfugiés à Erbil après avoir dû prendre la fuite du jour au lendemain, Kristian, Swarin, Sidra, Sarah, Soleen et leur famille, ont finalement pu rejoindre la France. Nous avons fait leur connaissance cet été, à l’occasion d’un stage de français et de loisirs organisé à Grenoble pour les enfants de réfugiés. À l’origine de ce magnifique projet: une rencontre. Celle de Soleen et du club Lanfrey. Accueillie par une famille grenobloise en octobre dernier avec sa grand-mère, ses parents et ses 3 frères et sœurs, Soleen, alors âgée de 16 ans, découvre le club Lanfrey grâce à sa famille d’accueil. Séduite par l’ambiance qu’elle y trouve et les amies qu’elle s’y fait, elle commence, dès le mois de janvier, à se rendre au club une fois par semaine et participe avec d’autres lycéennes françaises de son âge à la semaine « prépaBac » organisée par le Club.

« De janvier à juin, chaque semaine, les filles du club se sont relayées pour donner des cours de français à Soleen. Très riche en termes d’échanges, cette expérience nous a donné l’idée d’organiser une semaine de soutien scolaire avec d’autres enfants de réfugiés irakiens », explique Céline, en charge du club Lanfrey et à l’origine d’initiatives de soutien scolaire pour enfants de migrants et mineurs isolés, avec une association grenobloise. Le projet était né !

C’est ainsi que, fin août, Kristian, Swarin, Sidra, Sarah et Soleen ont pu se retrouver chaque jour pendant une semaine dans un lycée grenoblois qui a accueilli le projet. A leurs côtés, neuf françaises du club Lanfrey : cinq collégiennes pour travailler en binôme et quatre lycéennes pour organiser les activités. Et des activités, il n’en manquait pas. Après une première journée de promenade en montagne pour faire connaissance, les choses sérieuses ont très vite commencé. Tous les matins, les lycéennes arrivaient vers 9h à Lanfrey pour suivre une heure de cours d’araméen et d’arabe donné par Soleen - l’occasion d’apprendre le Je vous salue Marie et leNotre Père dans la langue du Christ - et préparer les activités de l’après-midi. Après le déjeuner pris tous ensemble, deux causeries étaient organisées en parallèle : l’une en araméen donnée par Soleen pour les enfants irakiens, l’autre en français donnée par les lycéennes pour les collégiennes françaises.

Si elle a permis à ces enfants irakiens de pratiquer intensivement le français avant la rentrée des classes, cette semaine aura également été pour nous tous l’occasion d’une expérience très riche

Puis tout le monde se retrouvait pour réciter une dizaine de Je Vous Salue Marie, alternant prière en français et prière en araméen. Arrivait ensuite le temps des activités : 4 heures successivement consacrées au français, aux loisirs créatifs, au sport et au théâtre, pendant lesquelles chaque enfant irakien travaillait en binôme avec une collégienne française. Pour finir la journée, les lycéennes se retrouvaient pour un groupe de réflexion (sur des sujets aussi variés que l’Irak et la Bible, Daesh ou encore l’encyclique du Pape sur l’écologie) suivi du dîner et d’un temps de détente (piscine, film, veillée, etc.).

Un programme bien rempli donc qui, grâce au talent de metteur en scène de Catherine, également en charge du club, s’est conclu par une petite représentation de théâtre - Le fantôme de Canterville - préparée par les enfants tout au long de la semaine et jouée le dernier jour devant les familles, françaises et irakiennes, visiblement heureuses d’être réunies ! « Si elle a permis à ces enfants irakiens de pratiquer intensivement le français avant la rentrée des classes, cette semaine aura également été pour nous tous l’occasion d’une expérience très riche, faite de partage, d’écoute et de dialogue. A titre personnel, je crois pouvoir dire que, grâce aux témoignages de ces enfants, la lecture de l'Évangile a soudain pris pour moi une nouvelle dimension », témoigne Céline en conclusion. De la leçon de français à la leçon de vie, il semble donc n’y avoir qu’un pas…nombreux l’ont franchi cet été à Grenoble !